Trouvant son origine dans le mot « ghost », qui signifie « fantôme » en anglais, ce phénomène inquiétant ne concerne plus seulement la vie privée. Les entreprises américaines sont de plus en plus nombreuses à voir disparaître, du jour au lendemain et sans raison, des candidat(e)s ou pire, des salarié(e)s. Où en est-on de l’abandon de poste en France ? Décryptage d’un fléau des temps modernes.
Qu’est-ce que l’abandon de poste ?
Le phénomène de “ghosting” est souvent associé à la fin soudaine d’une amitié, d’une histoire d’amour, sans raison particulière. Plus généralement, il s’agit d’une personne qui disparaît, sans donner aucun signe de vie. Progressivement, le monde professionnel est lui aussi victime de ghosting de la part des candidat(e)s et des employé(e)s. En France, on parle plus communément d’abandon de poste mais c’est moins sympa, non ?
Les abandons de poste les plus courants
Parmi les cas d’abandon de poste courants, il y a celles et ceux qui ne se présentent pas à un entretien de recrutement, ou pire, celles et ceux qui ont obtenu un emploi mais qui, le jour J, ne sont pas venus à l’entreprise pour la prise de poste. Enfin, cela peut être un(e) salarié(e) qui, du jour au lendemain, décide de ne plus venir travailler sans prévenir personne et sans donner signe de vie.
Pourquoi les salarié(e)s abandonnent-ils leur poste de travail sans prévenir ?
Les raisons qui poussent les salarié(e)s à quitter un emploi sont diverses et peuvent dépendre de la situation économique d’un pays. Aux Etats-Unis par exemple, le taux de chômage est tellement bas que les abandons de poste sont très courants ; les salarié(e)s ont de nombreuses opportunités professionnelles et n’ont pas d’état d’âme à disparaître sans laisser de traces pour commencer une nouvelle aventure dans une autre société.
L’abandon de poste en France
En France, l’abandon de poste est en plein essor pour des raisons assez similaires. Alors que les crises économiques par lesquelles nous sommes passés ont provoqué un déséquilibre entre offres d’emploi et demandes, c’est désormais l’inverse qui se produit. L’économie française repart à la hausse et les entreprises sont en recherche constante de main-d’œuvre. Certains secteurs d’activité rencontrent des difficultés à recruter des profils qualifiés, alors que les demandeurs d’emploi ont de nombreuses opportunités à portée de clic sur les sites d’emploi. Ils profitent de cette situation pour mettre un terme à leur période d’essai ou à leur contrat sans le préciser à leur employeur et acceptent des emplois mieux rémunérés ailleurs.
Un retour de bâton de la part des candidat(e)s ghosté(e)s ?
C’est la question que finissent par se poser les professionnels du recrutement. Et si, finalement, les candidat(e)s prenaient leur vengeance en ne répondant plus aux sollicitations ? Les entreprises ont longtemps profité de leur position dominante sur le marché de l’emploi en ne prenant pas la peine de répondre aux candidatures reçues. Trop souvent « ghostés », les demandeurs d’emploi se permettent d’inverser la tendance en ignorant les rendez-vous ou en abandonnant leur poste tout simplement. On vous l’accorde, ce n’est pas la meilleure façon de renvoyer une bonne image de soi mais, dans la majorité des cas, le ghosting est justifié par un manque d’intérêt et d’engagement pour le poste proposé.
Le profil type du salarié français qui abandonne son poste
L’expérience des professionnels des ressources humaines a permis de dresser le profil type du « ghosteur ». D’après les enquêtes réalisées, la personne qui disparaît a moins de 35 ans, travaille dans les secteurs d’emploi du Bâtiment ou du Tertiaire (rien à voir donc). Ces deux domaines d’activité sont particulièrement concernés en raison du manque de main-d’œuvre constant et de l’éventail d’offres à pourvoir toutes plus convaincantes les unes que les autres. C’est également le cas des professionnels des métiers de la restauration ou du secteur d’emploi médical et social qui sont très souvent victimes de burn-out et abandonnent leur poste du jour au lendemain sans prévenir.
Abandon de poste par les jeunes actifs
A noter également que ces « jeunes actifs » sont à la recherche d’un métier qui a du sens. Ils ont besoin de se sentir utiles dans ce qu’ils font et accordent une importance particulière au bien-être au travail. Si la société dans laquelle ils travaillent ne répond pas à leurs attentes, ils n’ont aucune difficulté à partir tenter l’aventure ailleurs.
Enfin, toutes les entreprises ne sont pas concernées par le ghosting. C’est le cas par exemple des grands groupes et marques de luxe comme Total, Engie, ou encore Chanel dans lesquels les places sont chères et rares. Dans ces sociétés, les salarié(e)s ont tendance à garder leur place ou à partir en très bon terme (sait-on jamais, le monde est petit !).
Abandon de poste dès le premier jour de travail
A l’inverse, les PME sont nombreuses à constater des abandons de poste ou des absences en entretien. D’après une étude publiée sur LinkedIn récemment, « selon un responsable d’une entreprise de construction, pas moins d’une nouvelle recrue sur cinq ne se présente pas le premier jour de travail ». Parmi ces personnes qui abandonnent, « les trois quarts ne préviennent pas et moins de la moitié répond aux messages de relance ». De quoi laisser décourager les recruteurs et leur donner une mauvaise image.
Quels sont les impacts d’un abandon de poste sur les salarié(e)s et la marque employeur ?
Jusque là, nous avons parlé des salarié(e)s ayant recours au ghosting volontairement. Mais dans le monde du travail, il existe également de mauvaises pratiques qui visent à exclure progressivement une personne des réunions et des emails, ou à ne plus lui répondre. Dans ces circonstances, le « ghosté » est victime de son manager ou de ses collègues et peut voir sa carrière menacée sans en être responsable. Si une telle situation se produit sans qu’un responsable n’intervienne, c’est toute la marque employeur d’une entreprise qui risque de pâtir de cette réputation et cela peut impacter considérablement les performances des salarié(e)s en poste et l’attractivité de la société.
Finalement, si les entreprises sont fréquemment confrontées à des abandons de poste, il existe un réel risque de banalisation. D’après la directrice d’une maison de retraite, « c’est devenu tellement courant dans notre établissement que plus personne ne s’inquiète quand quelqu’un disparaît ». Lorsqu’une société en arrive à ce point, il est temps d’agir pour inverser la tendance et faire en sorte que chaque nouvelle recrue reste. Il apparaît évident que la fidélisation des employé(e)s n’est pas encore entrée dans les consciences des chefs d’entreprise français… et c’est bien dommage !
Peut-on percevoir les allocations chômage en cas d’abandon de poste ?
Lorsqu’un(e) salarié(e) quitte son poste sans raison, c’est l’employeur qui est confronté à de nouvelles difficultés. Cela crée une désorganisation des équipes mais également un climat malsain qui impacte l’ambiance générale des collaborateurs(rices).
Dans ces conditions, le seul recours pour l’employeur est d’engager une procédure de licenciement qui passe par une mise en demeure, une convocation à un entretien puis le licenciement officiel de l’employé(e). Sans cette procédure, le(la) salarié(e) ne peut prétendre aux allocations chômage puisqu’il(elle) est toujours couvert par son contrat de travail. Une fois le contrat de travail rompu, celui ou celle qui a abandonné son poste peut s’inscrire auprès de Pôle Emploi afin de percevoir les indemnités si les conditions d’accès sont remplies.
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